Vous m’avez déjà entendu parler de la pêche au gros dans le workshop sur le selfcare et de la problématique des métaux lourds dans notre alimentation. Vous m’avez entendu parler de déforestation et de l’impact des régimes “crudivores” (produits issus de l’importation) sur notre planète et les populations stigmatisées. Vous m’avez entendu parler d’agriculture et de son impact sur la qualité des sols et la qualité de nos produits frais. Vous m’avez entendu dire que l’alimentation pour moi est une métaphore qui m’a emmené dans le monde entier à la recherche de solutions pour le monde de demain. Et vous avez probablement compris que c’est bien cette quête qui m’a permis de comprendre que mon étiquette politique est hors cadre institutionnel et systémique car elle est Ecoféministe.
Mais parce qu’on ne naît pas avec toutes les réponses, on les découvre, on les regarde, on les comprend au fur et à mesure de nos pérégrinations, de nos débats, de nos recherches, sachez que depuis que je suis de retour en Europe, je passe beaucoup de temps à lire et à regarder des documentaires pour ne pas perdre le fil.
Il y a 10 jours j’ai profité d’une journée pluvieuse pour regarder Seaspiracy et je ne vais pas mentir, en tant que sauveteuse en mer (plongée sous-marine), j’ai vu de mes propres yeux le ravage des déchets, de la pollution, de la destruction des barrières de corail, de l’injustice climatique et sociale… mais clairement sur ce sujet précis, il me manquait des infos théoriques.
Je ne vais pas vous refaire l’histoire, prenez le temps de regarder cette pépite de reportage si vous le pouvez. Mais pour toutes celleux qui n’ont pas netflix, voici les quelques notions et chiffres clefs à comprendre :
Comme tous les sujets qui touchent aux questions climatiques, “la pêche” en elle-même, à titre d’activité nous permettant de nous nourrir, n’est pas plus problématique que la cueillette sauvage. Le moment où la machine a commencé à mettre en danger l’équilibre de la vie sur terre, c’est le moment précis où on s’est autorisé à utiliser la pêche comme activité récréative ou encore comme quête industrielle.
Qu’on se comprenne, l’industrie agro-alimentaire à ses débuts, à l’époque des trentes glorieuses et de l’essor du capitalisme, était une solution pour résoudre la faim post grandes guerres. Elle avait pour but de permettre de nourrir l’occident qui n’en menait plus très large. Mais dans une société patriarcale et coloniale faite par des hommes blancs pour des hommes blancs, la machine a déraillé quand la quête sociale s’est transformée en boulimie de capital, de prises de part de marché, de positionnement géopolitique… autant d’éléments qui nécessitent la mise en place de rapports de pouvoir et de domination, outils principal et assumé du patriarcat donc.
Ce que nous raconte ce documentaire, c’est que les océans sont notre éco-système marin qui nous maintient en vie. Le phytoplancton absorbe 4 fois le montant de dioxyde de carbone qui est absorbé par la forêt tropicale. C’est à dire que les océans génèrent 85% de l’oxygène que nous respirons. Donc, dans un monde qui s’éteint lentement sous la pression de la crise climatique dont nous sommes responsables, protéger les océans et les animaux marins qui y vivent doit devenir une priorité pour nous. Pourtant, sur la question de la pollution visible liée aux déchets plastiques, c’est 1,6 millions de kilomètres carrés de plastique (150 millions de tonnes) que nous avons abandonné dans notre maison marine.
If you want to address climate change, the first thing you do is protect the oceans. And the solution to that is very simple : Leave it alone
Seaspiracy sur Netflix
Au delà de la pollution dont nous commençons à prendre conscience et malgré les interdictions des traités internationaux, la pêche industrielle est en train de détruire massivement la vie sous-marine. Pêche à la baleine, au dauphin, au thon (moins de 3% de l’espèce “pacific bluefin tuna” est seulement encore en vie et ce massacre sert une industrie pesant 42 milliards de dollars sur le marché, possédé à 40% par… Mitsubishi), au requin (extinction massive ces 50 dernières années – voir screenshot ci-dessous) ou encore au saumon, ce sont quatres grandes espèces marines qui sont menacées. Ce sont aussi des tonnes d’animaux marins qui sont pris dans les filets actifs (en pêche) ou passif (flottant en mer après avoir été abandonnés) qui deviennent, comme nous appelions nos compatriotes ou nos adversaires à l’époque des grandes guerres “des dommages collatéraux” .
L’extinction des grandes espèces marines n’est que la face visible de l’iceberg car plus ces espèces dépérissent, plus les oiseaux marins ainsi que la faune et la flore marine sont en danger et s’éteignent à leur tour.
Mankind is not able to live on a planet with a dead sea
Seaspiracy sur Netflix
Dernier sujet sous la loupe de ce documentaire, l’esclavage des personnes, souvent sans papiers et donc sans protection sociale et étatique “recrutées” sur les bateaux de pêche. Je n’irai pas plus loin à ce sujet ici mais les questions d’éthiques et de violence se trouvent partout lorsque l’on parle d’industrie mafieuse. Rappelez-vous, il en est aussi question dans le reportage sur le label “bio”, sujet d’investigation qui a été traité par la RTBF récemment.
Pour finir, est-ce que je trouve faussement ironique et problématique que ce soient les européens (ici un anglais) qui prennent le sujet en main et dénoncent, entre autres, les pratiques mafieuses de l’industrie au Japon via la plateforme Netflix… Oui, mais c’est encore un autre débat et sur cette question là, je fais partie du problème ! (sad wink)
Pour aller plus loin :
- Découvrez le workshop sur le #selfcare (comment comprendre les mécanismes du stress oxydant et le combattre à titre individuel – à quoi ressemble une assiette santé)
- Celui sur #RiotsNotDiets (comment fonctionne une partie du monde qui nous entoure dans ses grandes lignes et pourquoi il est temps d’arrêter les régimes à titre individuel et demander des comptes à la société sur les questions d’alimentation et de santé).
- Je suis en train de préparer un workshop qui s’appellera #EatYourHeartOut (Comment faire le lien entre violence systémique, émotion et alimentation). Il sera prêt à découvrir dans les 10 jours à venir.
Prenez soin de vous,
Always,
Emma.